Point 4 (suite 8)

Chapitre 12 – La vertu libératrice du don

L’explication détaillée comprend six sections en commençant par la vertu libératrice du don.

Plan Résumé
(stance 17)
1) Considération des bienfaits et méfaits,
2) Son essence, 3) sa classification,
4) Les caractéristiques de chaque classe
5) Son développement et 6) sa pureté.
Avec en fin 7) ses fruit ; ces sept points résument
La vertu transcendante du don.

I – Considérations des bienfaits et méfaits

Quiconque n’est pas capable de donner souffrira toujours d’un état de pauvreté et, pratiquement, prendra une naissance d’esprit avide. Quand bien même naitrait-il homme, il deviendrait un misérable dans le besoin et le manque, comme l’exprime Le Résumé des âryas :

L’avare renaîtra en le monde des esprits avides,
S’il nait humain, sa vie ne sera que pauvreté.

Ainsi que L’énoncé de la Discipline :

L’esprit avide répondit à Shronajâta :
J’étais avare et cupide, ne faisant pas le moindre don.
Ainsi, je suis arrivé dans le monde des esprits avides.

De plus, si donner nous répugne, nous serons alors incapables de faire le bien d’autrui et donc d’obtenir l’éveil.

Si l’on n’est pas porté au don, on sera misérable,
Bien incapable de mobiliser les vivants,
Et à plus forte raison d’obtenir l’éveil.

Au contraire, celui capable de donner sera dans toutes ses existences riche et heureux, comme le dit Le Résumé des ârya :

La libéralité d’un bodhisattva coupe court
Aux migrations comme esprit avide,
Elimine la pauvreté et toutes les passions associées.
Quant on la cultive, on obtient une richesse sans limite.

Dans La Lettre à un Ami :

Rien ne surpasse la pratique juste de la libéralité.
Il n’y a nul part meilleur compagnon que le don »

Et dans L’Introduction à la Voie du Milieu :

Tous les vivants aspirent vraiment au bonheur ;
Mais les hommes ne sont pas heureux sans richesses.
Le Bouddha sachant que les biens matériels viennent du don
A enseigné celui-ci en premier lieu. »

De plus, si l’on sait se montrer généreux, on est alors capable de faire le bien d’autrui ;  par le don, on mobilise les vivants et on peut alors les introduire à l’enseignement.
Il est dit (dans Le Résumé des ârya) :

Par le don, les vivants qui souffrent
Sont amenés à parfaite maturité.

Si l’on sait donner, il sera aussi facile de réaliser l’insurpassable éveil, comme l’exprime Le Recueil des Bodhisattvas://

En se montrant prodigue, obtenir l’éveil n’est pas difficile.

Dans Les Nuées des Rares et Sublimes ârya il est dit :

Le don est l’esprit d’éveil d’un bodhisattva.

Dans Le Sutra des Questions du Maître de Maison Ugraha :

Tel est l’énoncé du contraste entre les bienfaits du don et les inconvénients de son absence :

Puis il est dit :

Ce qui nous appartient en propre, sera un don,
Pas ce qui se trouve à la maison, n’étant pas nôtre;
Ce que nous donnons, acquiert une valeur,
Ce que nous gardons, reste sans valeur ;
Ce que nous avons donné n’est plus à préserver,
Ce que nous gardons, le nécessite ;
Ce que nous avons donné n’est plus un sujet de crainte,
Ce que nous conservons à la maison, l’est ;
Ce que nous avons donné,
Nous montre précisément la voie d’éveil ;
Ce que nous gardons à la maison,
Nous indique clairement la direction néfaste ;
Ce que nous avons donné, devient une grande richesse,
Ce que nous gardons à la maison, ne le devient pas ;
Ce que nous avons donné, est une richesse sans fin,
Ce que nous gardons à la maison, s’épuisera… »

II – Essence

L’essence du don est d’abandonner complètement ses possessions l’esprit libre d’attachement, telle que c’est dit dans Les Degrés de Bodhisattva :

Quelle est l’essence du don ?
C’est une attitude d’esprit spontanée de non-attachement
Et l’abandon complet de l’objet du don qui en découle.

III – Classification

Les différents types de dons sont : le don des choses matérielles, le don de la protection et le don du dharma.
Le don de choses matérielles améliore les conditions d’existences des personnes, le don de la protection améliore leur qualité de vie et le don du dharma améliore leur esprit.

D’autre part, les deux premiers types de don accomplissent le bonheur d’autrui en cette vie mais c’est par le don du dharma que le bonheur des existences futures est réalisé.

IV – Caractéristiques de chaque classe

1. Le don de choses matérielles

Le don des choses matérielles comprend deux aspects principaux : purs et impurs ; le premier doit être abandonné et le second mis en pratique.

1.1 Le don impur

L’impureté du don peut porter sur : la motivation, l’objet, le destinataire et la façon de faire.

■ L’intention impure

L’intention impropre peut être une mauvaise intention ou une intention inférieure.

(1) Faire un don avec une mauvaise intention, c’est donner pour nuire à quelqu’un, en aspirant au renom en cette vie ou pour rivaliser avec quelqu’un d’autre. Un bodhisattva abandonne ces trois motivations, comme l’exprime Les Degrés de Bodhisattva :

Un bodhisattva ne fera pas un don qui causerait
L’exécution, l’arrestation, le châtiment, l’emprisonnement
Ou l’élimination de personnes.
(…)
Un bodhisattva ne pratiquera pas le don
Pour la renommée et les éloges.
(…)
Un bodhisattva ne pratiquera pas non plus le don
Afin de rivaliser avec quelqu’un d’autre. »

(2) Donner avec une intention inférieure, c’est faire un don par crainte d’être pauvre dans ses vies ultérieures ou dans l’espoir d’obtenir une existence et des richesses divines ou humaines. Un bodhisattva ne pratique pas non plus ces deux formes de don :

 Un bodhisattva ne pratiquera pas le don
Par peur de devenir pauvre.
(…)
Un bodhisattva ne pratiquera pas le don
Afin d’accéder à la condition d’Indra,
Du monarque universel ou d’Ishvara.

■ Les objets impurs

Les Degrés de Bodhisattva explique qu’il faut aussi renoncer aux autres formes de don impropre. Il s’agit en bref d’abandonner le don de choses inadéquates. Si l’on demande à un bodhisattva du poison, du feu, des armes ou autres afin de nuire à autrui ou de s’infliger soi-même des sévices, il ne les donne pas.

Néanmoins, dans La Précieuse Guirlande, il est dit :

Si du poison est bénéfique à quelqu’un, il faut le lui donner.
Par contre, il ne faut pas donner une nourriture,
Même excellente, à celui auquel elle ne convient pas.
L’utilité de trancher le doigt d’une personne
Mordue par un serpent est reconnue ;
Le Bouddha a donc enseigné qu’il faut parfois savoir faire
Pour le bien d’autrui,
Ce qui peut s’avérer douloureux.

Le bodhisattva ne donnera pas non plus pièges, équipements de chasse et moyens d’en user à ceux qui le lui demandent.
En résumé, il s’abstiendra de donner tout objet impropre qui serait à l’origine d’une souffrance et d’un préjudice.

Il ne donnera pas ses parents en utilisant leur personne comme garantie ;

Il ne donnera pas enfants et femmes contre leur gré, même si cela est souhaité par d’autres.

Il ne donnera pas de façon insignifiante s’il a beaucoup de richesses ni ne donnera juste ce qui a été économisé.

■ Le destinataire impur

Il faut renoncer à faire don de son corps ou de se mutiler quand quelqu’un nous le demande avec l’intention de provoquer la réaction de divinités malfaisantes ; il ne faut pas non plus faire don de son corps à des êtres hantés par des influences malignes, à des fous ou à des personnes à l’esprit agité ; car n’ayant aucun contrôle sur leur esprit, leurs désirs n’ont rien de concret et ils ne débitent juste que des propos incohérents.

L’on ne fera pas non plus don de boissons et de nourritures à des personnes qui ont consommé à outrance.

■ La manière de donner impure

Il faut renoncer à faire des dons avec mécontentement, irritation et agressivité, avec  mépris et ressentiment envers les personnes mauvaises. Il ne faut pas non plus donner en humiliant, menaçant ou intimidant ne serait-ce qu’un mendiant.

1.2 Le don pur

La pureté du don porte sur : l’objet, le destinataire et la méthode.

■ L’objet pur

On en distingue deux sortes : les choses intimes et les choses externes.

(1) Les choses intimes font partie de notre corps :

Il est dit dans Le Sutra des Questions de Nârâyana :

Si cela est nécessaire, on offrira sa main à celui qui la désire,
Sa jambe à qui la veut, un œil à qui le souhaite,
Sa chair, son sang à ceux qui y aspirent.

Les bodhisattvas débutants qui n’ont pas encore réalisé « l’égalité de vue commune à tous » peuvent faire don de leur corps entier mais pas en parties, comme l’exprime L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva :

Il ne faut pas donner ce corps
Avec une conception impropre de l’essentiel,
Mais il faut autant que possible, dédier celui-ci
À des causes qui réalisent d’importants objectifs
Pour notre bien et celui d’autrui.

(2) Les choses externes sont les nourritures, boissons, vêtements, montures, enfants, femmes et autres , acquis conformément au dharma, comme l’exprime Le Sutra des Questions de Nârâyana :

Biens, céréales, argent, or, joyaux, bijoux,
Chevaux, éléphants, fils, filles et autres
Sont les choses externes que l’on peut donne.

Donc, un bodhisattva qui est maître de maison fera don des objets matériels externes et intimes qu’il possède.
Il est dit dans L’Ornement des Sutra :

Il n’est pas de bodhisattva qui n’ait un jour
Donné à autrui son corps ou ses possessions.

Un bodhisattva qui est ordonné abandonnera tout mais ne fera pas don de ses “trois vêtements du dharma”, comme il est dit dans L’introduction aux Pratiques de Bodhisattva :

Donne tout sauf les trois vêtements du dharma.

Donner les trois vêtements du dharma se ferait au détriment du bien d’autrui.

■ Les destinataires purs

Les destinataires appropriés sont de quatre types :

Ceux qui montrent des qualités particulières : les lamas et les trois joyaux par exemple ;
Ceux qui nous ont aidé tout particulièrement : nos parents ou autres
Ceux qui souffrent particulièrement : les malades et les personnes délaissées par exemple ;
Ceux qui nous ont particulièrement fait souffrir : nos ennemis ou autres

Ceci est exprimé dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva :

Les destinataires sont ceux qui ont des qualités,
Qui nous ont aidé…

■ La manière de donner pure

La manière de donner appropriée prend deux formes : le don avec une excellente intention et le don dont l’application est excellente.

(1) La première forme consiste, empreint de compassion, à donner pour le bien de l’éveil et des êtres.

(2) En ce qui concerne le don dont l’application est excellente, il est dit dans Les Degrés de Bodhisattva :

Un bodhisattva donne avec plaisir, avec égard,
Personnellement, sans délai,
Et sans que cela nuise à autrui.

Un bodhisattva “donne avec plaisir” car il est satisfait avant, au moment et après le don. Son esprit se réjouit d’avance de donner, le moment du don est une satisfaction pour lui et il n’a pas de regret après coup.

“Avec égard” car il donne avec respect.

“Personnellement” car il ne charge pas quelqu’un d’autre de donner.

“Sans délai”, car il donne ce qu’il a déjà lui même acquis.

“Sans nuire à autrui”, car il donne sans porter préjudice à ses proches et aux possessions qui leur appartiennent personnellement ; même si une chose est à lui, il ne la donne pas si cela s’accompagne de pleurs chez les proches qui lui ont procuré cet objet ; il ne donne pas non plus de biens dérobés à l’insu de ceux qui les détiennent de droit, volés ou en prétendant qu’ils sont à lui.

Ceci est expliqué dans  Le Compendium de l’Abhidharma :

Puisque le don répond parfaitement à l’attente,
On donnera de façon répétée et impartialement.

“Donner de façon répétée” se rapporte spécifiquement au bienfaiteur qui doit pratiquer le don assidûment.

“Donner impartialement” se rapporte spécifiquement au destinataire ; le don se pratiquant sans parti pris envers les destinataires.

“Donner pour répondre parfaitement à l’attente” se rapporte spécifiquement à l’objet du don ; on donne ce qui est souhaité, conformément aux aspirations de celui qui le reçoit.

Ainsi s’achève l’explication du don matériel.

2. Le don de protection

Le don de protection est une action de protection face à la peur des bandits, des animaux sauvages, des maladies, de l’eau et de toutes les autres craintes, tel que c’est exprimé dans Les Degrés de Bodhisattva :

Le don de la sécurité doit être conçu comme
Une protection parfaite contre toutes les formes de peurs.
Que ce soit celles des lions (fol 101b), tigres ou crocodiles,
Celles des rois, des bandits, de l’eau et autres types.

Ainsi s’achève l’explication du don de protection.

3. Le don du Dharma

La présentation du don du dharma comprend quatre points : le destinataire du don, l’intention, l’enseignement lui même et la façon de dispenser le dharma.

(1) En ce qui concerne les destinataires, il convient de leur donner l’enseignement quand ils y aspirent, ayant du respect envers le dharma et l’enseignant.

(2) L’intention est de s’appuyer sur une bonne motivation et d’abandonner les mauvaises.

Les mauvaises motivations à rejeter sont d’enseigner le dharma en étant concerné par le gain matériel, la gloire et les honneurs, tel que c’est exprimé dans Le Résumé des ârya :

Expose l’enseignement,
L’esprit libre de préoccupations pour les biens matériels.

Et dans Le Sutra des Questions de Kâshyapa il est dit :

Les Vainqueurs ont loué le don du dharma
Fait dans un état d’esprit désintéressé et pur.

L’excellente motivation à cultiver est d’exposer l’enseignement, animé par la compassion, comme c’est exprimé dans Le Résumé des ârya :

Fais don de l’enseignement au monde
Afin de contribuer à l’élimination de ses souffrances.

(3) Concrètement, l’enseignement doit être exposé avec exactitude, sans se méprendre sur le sens des sutras et autres enseignements, comme l’exprime Les Degrés de Bodhisattva :

L’enseignement sans commettre d’erreur, avec justesse,
Afin de permettre une parfaite compréhension
Des points fondamentaux de l’instruction.

(4) En ce qui concerne la façon de dispenser l’enseignement, il convient de ne pas l’exposer dès qu’il est demandé, suivant les conseils que donne Le Sutra de La Flamme Lunaire :

Afin de pouvoir faire don du dharma,
Quand on t’en fait la requête, réponds d’abord :
“Je n’ai pas étudié cela en détail.”
(…)
N’énonce pas le dharma précipitamment,
Ne le fais qu’après avoir examiné l’éventuel récipiendaire ;
Mais quand tu reconnais un réceptacle adéquat,
Tu peux alors lui expliquer celui-ci
Même s’il n’en a pas fait la requête.

De plus quand on donne un enseignement il faut l’exposer dans un lieu propre et agréable, comme le préconise L’Enseignement Authentique du Lotus Blanc :

En un lieu propre et agréable,
Place un grand siège confortablement équipé…

Il faut l’exposer en s’installant sur un siège du dharma :

En étant bien installé sur un siège avec des pieds,
Recouvert de tapis et brocarts variés…

Il faudra aussi se laver, revêtir une tenue impeccable et être attentif à se tenir propre et à adopter une conduite adéquate, comme cela est dit dans Le Sutra des Questions de Sâgaramati :

Celui qui enseigne le dharma, se tiendra propre,
Fera attention au moindre de ses actes
Et veillera à bien se laver et à avoir une tenue impeccable.

Cela s’applique aussi à l’assistance présente.
Après s’être assis sur le siège, pour ne pas être atteint par des obstacles, on récitera tout d’abord le mantra qui annihile le pouvoir des démons, que l’on trouve dans Le Sutra des Questions de Sâgaramati :

Sâgaramati, quand tu enseigneras le dharma, tu réciteras préliminairement la formule du mantra suivant :
Teyata Shame Shamavati Shamita Shatru Amkure Mamkuré Maradzité karote Keyure Tedzamwati Oloyani Bishudhani Male Malapanaye Khukhure Khahadrase Drasane Om Mukhi A Mukhi Shamitvani Sarva Draha Buddhanane Niri Hitva Sarva Para Drawadina Bimukta Marapasha Stabitva Buddhamudra Anungatita Sarvamare Putsa Rita Parishudhe Bigatsandu Sarva Mara Karmani
Les divinités malfaisantes à cent lieux à la ronde
Seront alors empêchées de venir provoquer des troubles.
Même si certaines venaient,
Elles seraient dans l’incapacité de faire obstacle.

Puis on expose l’enseignement de façon claire, intelligible et sur un ton modéré.

Ainsi s’achève l’explication du don du dharma.

V – Développement

Même si nos trois types de dons ont peu de force, il est possible de les développer, telle que c’est décrit dans Le Recueil des Bodhisattvas :

Sariputra, le sage bodhisattva de peu de don fera beaucoup :
Il les fait grandir par la force de l’expérience première,
Il les fait s’accroitre par la force de la compréhension supérieure,
Il les rend illimités par la force de la dédicace.

“Les faire grandir par la force de l’expérience première”, c’est comprendre la parfaite pureté de la relation tripartite (sujet, objet, acte) : le donneur, l’objet du don et son destinataire étant alors semblables à une illusion.

“Les accroitre au moyen de la compréhension supérieure” a pour but l’apparition des nombreux bienfaits du don. Quel que soit le don que l’on fasse, il faut en premier lieu l’offrir dans l’intention d’établir tous les êtres en l’état de Bouddha, puis il ne faut pas s’attacher à la chose donnée et enfin n’avoir aucune attente vis-à-vis des répercussions ultérieures de ce don. On obtiendra ainsi l’accroissement des bienfaits du don.

C’est dit dans Le Résumé des ârya :

Ne reste pas fixé sur l’objet du don une fois celui-ci donné ;
Et n’en attends en contrepartie aucun karma résultant.
Les êtres avisés en donnant ainsi, abandonnent tout
Et le moindre de leurs dons devient considérable et illimité.

“Les rendre illimités par la force de la dédicace”, signifie que ces dons, s’ils sont dédiés à l’insurpassable éveil pour le bien de tous les vivants, deviennent illimités, comme c’est exprimé dans Les Degrés de Bodhisattva :

Même si tu es généreux, ne le sois pas en vue d’un résultat,
Dédie tous ces dons à l’insurpassable et parfait éveil.

La dédicace ne se répercute pas uniquement sur l’amplification du don, elle le rend aussi inépuisable, comme l’exprime Le Sutra des Questions du Noble Akshayamati :

Vénérable Shâriputra, si on prend l’exemple d’une goutte d’eau,
Lorsqu’elle tombe dans l’océan, elle ne le quitte pas,
Ni ne s’épuise tant que la fin du kalpa n’est pas intervenue ;
Il en est de même des sources de bienfaits dédiées à l’éveil qui,
Tant que le cœur de celui-ci n’est pas atteint,
Ne s’épuisent ni ne se perdent.

VI – Pureté

Dans Le Résumé  des Instructions, il est dit :

Dans l’expérience de la vacuité dont l’essence est compassion,
L’activité positive devient pure.

Ces différents dons faits dans l’expérience de la vacuité ne sont plus causes des existences cycliques ; ces différents dons faits avec compassion ne sont plus causes d’entrée dans les voies inférieures ; ils sont alors pur : ils conduisent uniquement au nirvana sans demeure.

En ce qui concerne “le don sur la base de la vacuité”, il est enseigné dans le Sutra des Questions de Ratnacûna, que le don doit être marqué du quadruple sceau de la vacuité :

Pratique le don en lui appliquant le quadruple sceau.
En quoi cela consiste-t-il ?
Il s’agit d’appliquer le sceau de la vacuité
Intérieurement, au corps, extérieurement, aux biens,
A l’esprit, c’est- à- dire au sujet et à l’enseignement : l’éveil.
Le don se pratiquera donc marqué de ces quatre sceaux.

“Faire un don qui procède de la compassion”, signifie donner en étant affecté par les souffrances communes où spécifiques des vivants.

VII – Fruits

Le fruit du don comprend deux types : temporaires et ultimes.

(1) L’ultime résultat est la réalisation de l’éveil insurpassable, présenté dans Les Degrés de Bodhisattva :

Ainsi, les bodhisattva ayant accompli parfaitement
La perfection du don
Accompliront le véritable état de Bouddha
En réalisant l’insurpassable et parfait éveil. »

(2) En ce qui concerne les résultats contingents, en faisant don de choses matérielles, on acquerra des biens excellents. D’autre part, on sera capable d’introduire les autres à l’excellence, les ayant réunis par ces dons, comme l’exprime Le Résumé des ârya :

Le don d’un bodhisattva coupe court
Aux destinées d’esprit avide,
Elimine la pauvreté
Et toutes les passions qui en découlent.
Par sa pratique, des biens vastes et illimités sont obtenus.
Le don amène les êtres qui souffrent à pleine maturité.

Dans Les Degrés de Bodhisattva il est dit :

Le don de nourriture est à l’origine de la force physique,
Le don de vêtements procure un bon teint,
Le don de montures stabilise le bien être,
Le don de lampes apporte une bonne vue.

Le don de la sécurité permet de ne pas être perturbé par les influences malignes et les obstacles, comme l’exprime La Précieuse Guirlande :

Par le don d’une protection à ceux qui ont peur,
Aucun démon ne pourra nous perturber
Et l’on deviendra le plus grand parmi les puissants.

Le don du dharma nous fait rapidement rencontrer les bouddhas, être en leur compagnie et réaliser promptement tous nos souhaits, comme l’exprime encore La Précieuse Guirlande :

Le don du dharma fait à ceux qui y sont réceptifs,
Supprimant les voiles de l’esprit,
Permet d’obtenir rapidement ce qui est souhaité
Et d’être en compagnie des bouddhas.

Ainsi s’achève la section consacrée à la vertu libératrice du don
douzième Chapitre du Joyau Magique,
L’Ornement de la Précieuse Libération.

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